[Instant C] Rencontre avec Paula Fürstenberg

Née en RDA en 1987, Johanna n’a pour ainsi dire jamais connu son père, parti à l’Ouest juste avant la chute du Mur, alors qu’elle n’avait que deux ans. Désormais majeure, elle vient de s’installer à Berlin, qu’elle arpente en tous sens à bord des tramways dont elle sera bientôt l’une des conductrices, quand un message laissé sur le répondeur de sa mère fait ressurgir Jens.

L’heure est enfin venue d’éclaircir les raisons qui l’ont poussé à fuir. Est-il passé à l’Ouest pour y devenir une rock star ? S’est-il enfui pour échapper à la Stasi qui le surveillait en raison du contenu subversif de ses chansons ? Pourquoi n’a-t-il pas repris contact avec elle plus tôt ? Mais l’homme qu’elle retrouve quelques jours plus tard, cet homme qui, telles les créatures fantastiques des cartes médiévales qu’elle collectionne depuis l’enfance, reste pour elle une « terra incognita », est gravement malade. Bientôt il ne pourra plus rien lui dire.

Comment vivre et se construire quand on ne connaît pas son passé et que le pays dans lequel on a grandi a disparu ? Et comment y remédier si « dans une famille, il n’y a pas de vérité, il n’y a que des histoires » ? Émouvante quête d’une jeune femme à travers les zones blanches de son enfance, bercée de la douce et lancinante nostalgie de l’origine, « La Famille du tigre ailé » est un bel hommage au pouvoir consolateur de la fiction.

Avec chaleur, force et humour, Paula Fürstenberg raconte dans « Weltalltage » une amitié particulière et son épreuve de vérité. Elle parle de ce que cela signifie de ne pas fonctionner dans un monde où tout doit fonctionner ; du corps et de la façon dont nous le traitons ; du pouvoir des mots et de quand commence l’empathie - et quand elle doit finir.

Ils sont les meilleurs amis depuis l’école. Trentenaires aujourd’hui, ils partagent un appartement. Max est architecte, elle est écrivaine et souffre d’une maladie chronique depuis son enfance. Elle est régulièrement victime de  violents vertiges et dépend de Max. C’est lui qui est en bonne santé, c’est elle qui est malade. Il en a toujours été ainsi. Mais lorsque Max apprend la mort de son oncle, un sentiment d’obscurité s’empare de lui. Il doit se rendre à l’hôpital. D’un seul coup, tout bascule.

Ce qui aide l’écrivaine dans le « chagrin d’amitié » naissant, c’est l’écriture, la tentative de mettre en ordre le passé sous forme de liste. Elle raconte donc son histoire, et celle de Max, depuis son enfance après la chute du Mur à l’Est jusqu’à son présent chancelant. Elle réfléchit aux conditions sociales qui ont fait d’eux ce qu’ils sont, au fait d’être malade – et au langage des corps.

Mais la pensée et l’écriture ne suffisent pas pour venir à bout d’un chagrin. Pour cela, elle doit se lever et aller danser, elle doit lâcher prise et tout oublier. Quelques heures seulement, quelques jours. Et puis, tout à coup, Max réapparaît à la porte...